Actuellement, le secteur agricole attire de plus en plus les jeunes en quête de travail. Pourtant, pas besoin d’avoir de grands diplômes pour s’y reconvertir. En effet, un niveau 3ᵉ est suffisant pour devenir agriculteur. Mais il vous manque le savoir-faire et le savoir-pourquoi nécessaires pour devenir un pro en agriculture. Pour cela, des formations en la matière s’avèrent utiles. Nombreux sont ceux qui souhaitent se lancer dans l’agriculture, une activité à la fois stimulante et pleine de défis.
Définir son projet de reconversion agricole et évaluer ses motivations
Une reconversion vers l’agriculture ne s’improvise pas et nécessite une réflexion approfondie sur ses motivations personnelles et professionnelles. Cette étape de définition du projet constitue le socle de toute transition réussie vers ce secteur en pleine mutation, qui emploie actuellement 1 430 000 personnes en France tout en étant responsable du quart des émissions nationales de gaz à effet de serre.
Identifier ses motivations profondes pour une reconversion agricole
Les raisons qui poussent les professionnels à se tourner vers l’agriculture sont multiples et révèlent souvent une quête de sens plus profonde. L’envie de retour à la nature constitue l’une des motivations les plus fréquemment exprimées, particulièrement chez les cadres urbains en quête d’authenticité. Cette aspiration s’accompagne généralement d’un désir de changement de rythme de vie, loin du stress des métropoles et des contraintes du travail en open space.
La quête de sens représente également un moteur puissant, notamment pour les professionnels désabusés par leur emploi actuel. Contribuer directement à l’alimentation, participer à la transition écologique ou développer des pratiques agricoles durables offrent une dimension concrète et utile à leur activité professionnelle. Cette motivation s’inscrit dans un contexte où 43% des exploitants agricoles actuels ont plus de 55 ans, créant de réelles opportunités de transmission et de renouvellement générationnel.
Les différents profils de reconvertis selon l’étude ESA d’Angers
L’étude Agrinovo menée par l’École supérieure des agricultures d’Angers identifie plusieurs profils distincts parmi les candidats à la reconversion agricole :
Profil | Caractéristiques | Motivations principales |
Néo-ruraux en quête de changement | Professionnels urbains, 30-45 ans | Qualité de vie, contact avec la nature |
Professionnels expérimentés | Cadres seniors, expertise technique | Recherche de sens, utilité sociale |
Jeunes diplômés déçus | Moins de 30 ans, premiers emplois insatisfaisants | Engagement environnemental, autonomie |
Chaque profil présente des avantages spécifiques : les néo-ruraux apportent leurs compétences managériales, les professionnels expérimentés leur expertise technique, tandis que les jeunes diplômés arrivent avec une formation récente et une forte sensibilité environnementale.
Réaliser un bilan de compétences préalable
Avant de se lancer dans une reconversion agricole, il convient d’effectuer un bilan de compétences approfondi pour identifier les aptitudes transférables. Les compétences en gestion, développées dans le secteur tertiaire, s’avèrent particulièrement précieuses pour la gestion d’une exploitation. De même, les connaissances en marketing peuvent faciliter la commercialisation en circuits courts.
- Compétences techniques : informatique, mécanique, gestion de projet
- Compétences relationnelles : communication, négociation, travail en équipe
- Compétences organisationnelles : planification, gestion du temps, logistique
- Connaissances sectorielles : agronomie, environnement, développement durable
Confronter ses aspirations aux réalités économiques du secteur
L’étude Agrinovo révèle une réalité économique préoccupante : 65% des reconvertis issus des classes moyennes et 55% de ceux des classes supérieures gagnent moins de 500€ par mois de leur activité agricole. Cette donnée contraste fortement avec les revenus des héritiers bien préparés, dont seulement 25% se trouvent dans cette tranche de revenus.
Selon l’étude Agrinovo de l’ESA d’Angers : « Les reconvertis sont ceux qui gagnent le moins d’argent : moins de 500 €/mois pour 65 % de ceux qui viennent des classes moyennes et 55 % des classes supérieures ! »
Cette situation s’explique par plusieurs facteurs : difficultés d’accès au foncier, manque d’expérience pratique, investissements initiaux importants et temps nécessaire pour développer une clientèle. Il devient donc indispensable d’envisager des sources de revenus complémentaires, au moins durant les premières années d’installation.
Évaluer les opportunités sectorielles et les enjeux de durabilité
Malgré ces défis économiques, le contexte démographique offre des perspectives encourageantes. Avec 6 agriculteurs sur 10 qui seront en âge de partir à la retraite d’ici 10 ans, les opportunités de reprise d’exploitation se multiplient. Le Shift Project estime par ailleurs qu’366 000 emplois devront être créés d’ici 2050 pour relocaliser la production française de fruits et légumes.
Cette transition s’inscrit dans une démarche de durabilité nécessaire, l’agriculture française devant réduire son impact environnemental tout en maintenant sa productivité. Les reconvertis, souvent sensibles aux enjeux écologiques, peuvent jouer un rôle déterminant dans cette transformation vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement.
L’agriculture bio
L’agriculture biologique, dite aussi agriculture bio, utilise des méthodes de culture et d’élevage du bétail qui tendent à respecter l’équilibre naturel des choses. Elle évite l’utilisation des engrais chimiques et d’autres produits, tous aussi chimiques, des produits de synthèse et des organismes génétiquement modifiés ou OGM. Elle tient compte de la préservation de tout l’environnement, de la qualité des sols, de la qualité de l’air et de l’eau, de la biodiversité. Les produits récoltés en agriculture biologique sont naturels. Ce type d’agriculture est dépendant d’une réglementation européenne. Les produits sont tributaires d’un cahier de charges national. Pratiquer une agriculture bio ne se fait pas au hasard, cela demande une formation spécialisée, dispensée, souvent, en lycée agricole ou par la maison familiale rurale ou MER.
Choisir sa formation et acquérir les compétences nécessaires
Une fois votre projet de reconversion défini et vos motivations clarifiées, l’acquisition des compétences nécessaires devient une priorité. Le secteur agricole français doit créer 366 000 emplois d’ici 2050 selon le Shift Project pour relocaliser notre production de fruits et légumes, offrant ainsi de nombreuses opportunités aux personnes en reconversion.
Les formations diplômantes : socle de la capacité professionnelle agricole
Pour exercer légalement en tant qu’agriculteur et bénéficier des aides publiques, vous devez obtenir la capacité professionnelle agricole. Cette qualification s’acquiert principalement par des formations diplômantes de niveau 4 (équivalent Bac).
Diplôme | Durée | Modalités | Public cible |
BPREA (Brevet Professionnel Responsable d’Entreprise Agricole) | 2 ans | Alternance ou continue | Adultes en reconversion |
Bac Pro Conduite et Gestion de l’Entreprise Agricole | 3 ans | Continue ou VAE | Reconvertis sans expérience |
BTSA (Brevet de Technicien Supérieur Agricole) | 2 ans | Initial ou continue | Diplômés du supérieur |
L’École supérieure des agricultures (ESA) d’Angers propose notamment des parcours adaptés aux adultes, avec des formations modulaires permettant de concilier reconversion et contraintes personnelles. Le BPREA spécialité « Fermes agroécologiques urbaines et périurbaines » de l’École du Breuil à Paris illustre cette adaptation aux nouveaux enjeux agricoles.
La VAE : valoriser son expérience antérieure
La Validation des Acquis de l’Expérience (VAE) représente une voie privilégiée pour les reconvertis disposant d’une expérience professionnelle transférable. Cette démarche permet d’obtenir un diplôme agricole en faisant reconnaître ses compétences acquises dans d’autres secteurs.
- Management d’équipe transposable en gestion d’exploitation
- Compétences commerciales utiles pour la vente directe
- Maîtrise des outils numériques pour l’agriculture de précision
- Expérience en qualité applicable aux démarches de certification
Formations certifiantes spécialisées
Au-delà des diplômes traditionnels, de nombreux organismes proposent des formations certifiantes courtes mais professionnalisantes. Cultive offre des formations de 12 mois pour créer sa ferme agroécologique en maraîchage, arboriculture ou petit élevage selon la méthode bio-intensive. Ces programmes combinent théorie et pratique sur le terrain.
Fermes d’Avenir se spécialise dans le développement de micro-fermes et propose des formations axées sur la viabilité économique des petites structures agricoles. Leur approche privilégie l’innovation technique et les modèles économiques durables.
Formations transversales et émergentes
Le Campus des Tiers-Lieux propose une approche globale avec ses 5 blocs de formation couvrant l’ensemble de la filière alimentaire :
- Agriculture et agriculture urbaine
- Transformation alimentaire
- Distribution et circuits courts
- Restauration et métiers de bouche
- Économie circulaire appliquée à l’alimentation
Cette formation découverte permet d’appréhender les interconnexions entre les différents maillons de la chaîne alimentaire et d’identifier sa niche professionnelle.
Modalités de formation adaptées aux adultes
Les organismes de formation ont développé des modalités flexibles pour répondre aux contraintes des reconvertis :
Paris Fertile accompagne spécifiquement les personnes en recherche d’emploi ou en reconversion vers les métiers de l’agriculture durable, avec un dispositif complet alliant formation et accompagnement personnalisé.
Les formations en ligne se multiplient, permettant d’acquérir les bases théoriques à distance. Agrilearn propose notamment des formations CPF-éligibles sur la création de business plan agricole, compétence fondamentale pour tout porteur de projet.
Les formations gratuites existent également, souvent financées par les collectivités territoriales ou les organismes consulaires. Les Chambres d’agriculture proposent régulièrement des sessions d’initiation aux techniques agricoles durables.
Pour les formations payantes, les tarifs varient de 2 000 € pour des formations courtes à 15 000 € pour des cursus diplômants complets. Cette diversité tarifaire nécessite une réflexion approfondie sur le financement, étape déterminante de votre parcours de reconversion.
Financer sa formation et réussir son installation agricole
Une fois la formation choisie, deux défis majeurs attendent les candidats à la reconversion agricole : financer leur parcours d’apprentissage et réussir leur installation. Ces étapes déterminent largement la viabilité économique du projet et nécessitent une préparation minutieuse.
Les dispositifs de financement de la formation agricole
Plusieurs mécanismes permettent de financer une formation agricole, chacun répondant à des profils et situations particuliers. Le CPF (Compte Personnel de Formation) constitue souvent le premier réflexe des candidats à la reconversion. Alimenté à hauteur de 500 euros par an pour un emploi à temps plein, ce dispositif peut couvrir partiellement les formations certifiantes ou diplômantes en agriculture.
France Travail propose l’AIF (Aide Individuelle à la Formation) pour les demandeurs d’emploi. Cette aide peut prendre en charge l’intégralité du coût de formation lorsque celle-ci s’inscrit dans un projet professionnel validé par un conseiller. Les montants varient selon la durée et le type de formation, pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros.
Dispositif | Public cible | Montant maximum | Conditions |
CPF | Salariés et demandeurs d’emploi | 5 000 € cumulés | Formation éligible au CPF |
AIF (France Travail) | Demandeurs d’emploi | Variable selon projet | Validation du projet par conseiller |
PTP | Salariés en CDI | Maintien de salaire | Ancienneté requise |
VIVEA | Chefs d’exploitation | 2 000 €/an | Cotisation MSA |
Le PTP (Projet de Transition Professionnelle) s’adresse aux salariés en CDI justifiant d’une ancienneté minimale. Ce dispositif permet de maintenir la rémunération pendant la formation, facilitant ainsi les reconversions longues. Les OPCO (Opérateurs de Compétences) peuvent également intervenir selon le secteur d’activité d’origine du candidat.
Pour les agriculteurs déjà installés souhaitant se former, VIVEA représente le fonds de formation de référence. Financé par les cotisations MSA, il propose jusqu’à 2 000 euros par an pour développer les compétences.
Les financements régionaux spécifiques
La région Auvergne-Rhône-Alpes développe des programmes ambitieux pour soutenir les reconversions agricoles. Elle finance des formations qualifiantes et propose des bourses d’études pour les candidats aux métiers de l’agriculture durable. D’autres régions comme la Nouvelle-Aquitaine ou l’Occitanie proposent des dispositifs similaires, adaptés aux spécificités territoriales.
L’installation agricole : défis et accompagnement
L’installation reste l’étape la plus complexe de la reconversion. L’accès à la terre agricole constitue le principal verrou, comme l’identifient les études récentes sur les nouveaux installés. Les prix du foncier agricole, en hausse constante, compliquent les projets des reconvertis qui ne bénéficient pas de transmission familiale.
« 65 % des reconvertis issus des classes moyennes et 55 % de ceux des classes supérieures gagnent moins de 500 euros par mois de leur activité agricole » Étude Agrinovo, ESA d’Angers
Face à ces difficultés, plusieurs organismes proposent un accompagnement spécialisé. Eloi facilite les transmissions de fermes en mettant en relation cédants et repreneurs. Cette plateforme permet d’identifier des opportunités de reprise dans toute la France, avec un accompagnement juridique et financier.
La Fondation Terre de Liens développe une approche innovante pour préserver le foncier agricole. Grâce aux donations et legs, elle acquiert des terres qu’elle loue ensuite à des agriculteurs en installation. Cette formule permet de réduire les coûts d’installation tout en garantissant une agriculture respectueuse de l’environnement.
Réalités économiques et secteurs porteurs
La reconversion agricole implique souvent une baisse de revenus les premières années. Beaucoup de nouveaux installés gagnent moins que le SMIC initialement, le temps de développer leur activité et leur clientèle. Cette réalité économique nécessite une préparation financière personnelle et parfois le maintien d’une activité complémentaire.
Certains secteurs offrent néanmoins des perspectives plus favorables :
- Viticulture : secteur traditionnel avec des débouchés établis
- Élevage spécialisé : caprins, ovins, volailles fermières
- Transformation alimentaire : valorisation des productions
- Circuits courts : vente directe, AMAP, marchés locaux
- Agriculture urbaine : maraîchage périurbain, fermes verticales
L’agroécologie et l’agriculture durable représentent des créneaux en forte croissance. Les consommateurs privilégient de plus en plus les produits locaux et respectueux de l’environnement, créant de nouveaux débouchés pour les agriculteurs engagés dans ces démarches. Ces secteurs émergents offrent souvent de meilleures perspectives de rémunération que l’agriculture conventionnelle.